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Enfants malades et méthodologies adaptées

Introduction :

 

Dans le cadre du cours d’approfondissement d’enfants malades donné par monsieur Docquiert, il nous a été demandé de détailler une situation prélevée dans le cours (entretien avec les invités, textes, discussions) et de mettre en évidence la manière dont l’enseignant adapte sa méthode d’enseignement à la situation clinique.

Situation prélevée dans le cours :

J’ai décidé de parler de l’intervention de Geneviève, directrice à l’école Leopold Mottet.

L’école Léopold Mottet est une école fondamentale et secondaire de type 5, implantée dans plusieurs centres hospitaliers et centres de jour de la région liégeoise.

Lors de cette intervention, nous avons vu quelles étaient les conditions pour pouvoir avoir des subsides. Les conditions pour avoir des subsides sont les conditions d’inscription dans l’école. Pour ce faire, que ce soit dans les hôpitaux, dans les centres thérapeutiques ou à domicile, l’inscription se fait sur base d’un certificat prescrit par un médecin spécialiste et en hôpital c’est l’inscription dans celui-ci qui compte. Ensuite, il s’agit de joindre l’attestation d’orientation type 5, sauf dans les hôpitaux. Grâce à ces deux documents, l’élève est enregistré dans le registre de l’école.

J’ai été très étonnée d’apprendre que les élèves pouvaient côtoyer l’école de 2 ans et demi à 21 ans, mais que s’ils sont inscrits dans le secondaire ils sont autorisés à venir jusque 30 ans. Je n’avais jamais entendu cela auparavant, mais je trouve que c’est chouette.

Ce qui m’a également plu dans ce témoignage c’est le fait qu’une équipe pluridisciplinaire suit les élèves en convalescence à domicile durant 2 périodes par semaine de math, de français et de néerlandais pour le secondaire et 4 périodes par semaine pour le primaire. J’ai l’impression que toutes les écoles à l’hôpital n’organisent pas ce genre de cours et pourtant je trouve cela très important. En effet, les enfants en convalescence à domicile ont également besoin de s’entraîner, de continuer leurs apprentissages et de garder un lien avec le milieu scolaire.

De plus, certains enseignants travaillent dans des centres de jour. Ceux-ci sont alors amenés à mettre l’accent sur la thérapie et non sur l’enseignement. Dans ces centres de jour sont présents des enfants, généralement de bas âge, présentant des troubles de l’attachement, des troubles psychologiques ou autistiques. Un travail sur la problématique est alors réalisé, mais ils viennent également à l’école pour entamer des apprentissages ou continuer à entretenir des apprentissages.

Il existe également une équipe qui travaille dans le milieu psychiatrique. Ce milieu contient deux services différents : l’hospitalisation traditionnelle, à partir de 13 ans et les enfants placés par le juge, à partir de 13 ans également.

Pour terminer, nous avons appris qu’il existait également la SSAS, Structure Scolaire d’Aide à la Socialisation. En SSAS, sont présents des enfants qui ne vont plus à l’école, qui sont en décrochage scolaire et les pathologies rencontrées sont les phobies scolaires, les dépressions, l’anorexie, les troubles psychotiques et l’autisme/asperger.

Ce qui m’a également fortement étonné c’est le fait que l’école de type 5 ne soit pas obligatoire. En effet, avant le cours je pensais que tous les enfants étaient obligés de participer aux cours et que ceux-ci étaient donnés de manière individuelle. Maintenant que j’en connais un peu plus sur le sujet et que je prends du recul face à celui-ci, je comprends que l’école ne soit pas obligatoire. Il est vrai qu’un enfant hospitalisé est un enfant sous traitement, souvent souffrant et très vite fatigué. Mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, les élèves sont très demandeurs et sont contents d’aller à l’école. Cela leur permet de les ramener dans une certaine normalité, de garder un lien avec le monde extérieur et également de garder un contact social en rencontrant d’autres élèves. Cela leur permet également par la suite une meilleure réinsertion sociale une fois le retour à la maison.

Lorsqu’un enfant est hospitalisé durant un court séjour, celui-ci vient généralement à l’école pour s’occuper (jeux, bricolages, etc.), se changer les idées ou retravailler un apprentissage qui n’a pas été compris précédemment. Effectivement, l’enfant peut profiter de ce moment-là pour demander des explications supplémentaires sur un exercice qu’il n’avait pas compris à l’école ordinaire par exemple.

Ce que j’apprécie dans l’école à l’hôpital c’est le fait qu’un enfant puisse venir pour y travailler, mais aussi pour y jouer ou y apprendre une poésie par exemple. C’est là qu’on se rend compte que l’un des buts principaux c’est de permettre à l’enfant de sortir de sa chambre et d’oublier le temps d’un instant sa maladie et tout ce qui l’entoure. En effet, dans la classe, les enseignants ne parlent pas de la maladie avec les enfants, ils parlent de tout autre sujet, mais celui-ci est à éviter en sachant que l’entourage en parle déjà beaucoup.

Ce que je trouve le plus compliqué dans cet enseignement c’est l’improvisation. Tous les intervenants que nous avons pu rencontrer en vidéoconférence nous ont confié que leurs journées n’étaient jamais les mêmes et que la plupart du temps il fallait improviser et s’adapter. En effet, les élèves ne sont pas tous hospitalisés durant une même période, certains sont hospitalisés pour quelques jours, d’autres pour plusieurs mois. Durant une année, les enseignants sont alors amenés à rencontrer énormément d’élèves différents, avec des pathologies différentes, des besoins différents. Je pense donc qu’en effet la clé pour un enseignement de qualité en type 5 c’est l’adaptation.

Concernant l’improvisation et l’adaptation, la plupart des intervenants nous ont conseillé de travailler dans un premier temps dans l’enseignement ordinaire afin d’avoir un bon bagage et d’ensuite nous diriger vers le spécialisé. Personnellement, je pense que c’est une bonne manière de faire afin d’acquérir certaines compétences et d’avoir un minimum d’expérience.

Pour travailler en tant qu’enseignant dans le type 5 il faut pouvoir se détacher du programme. Je pense en effet que les buts principaux sont, comme nous l’expliquait Geneviève, d’éviter le décrochage scolaire, de garder un rythme et d’envisager une réussite scolaire, mais je pense surtout qu’il est primordial d’intéresser le jeune. Dès que le jeune sera intéressé et motivé, il continuera son apprentissage sans souci.

La directrice de l’école Leopold Mottet nous expliquait également que le partage et la collaboration entre collègues sont très importants. Je pense effectivement que chacun pourrait à un certain moment se sentir démuni face à telle ou telle situation et aurait besoin de conseils. Il est donc important d’entretenir une bonne relation avec les autres membres du personnel et de se soutenir mutuellement. Pour ce faire, un conseil de classe appelé « travail collaboratif » a lieu tous les vendredis après-midi. Les enseignants sont alors en conseil de classe sur leur implantation.

Ces réunions se font en plénière trois fois par an : une fois en septembre pour les consignes de rentrée, une fois début janvier et une fois en fin d’année pour faire le point sur l’année qui se termine.

Ce que j’ai trouvé super chouette durant ce témoignage c’est que la directrice est très à l’écoute des enseignants et ouverte à toutes propositions de formations continues. Je pense que nous ne sommes jamais assez formés et qu’il est intéressant d’en apprendre toujours plus.

Ce que je ne savais pas et que je trouve dommage, c’est que lorsque l’on souhaite travailler dans l’enseignement spécialisé, on doit marquer son accord. Lorsque celui-ci est marqué, quand un poste se présente il faut l’accepter. Si on le refuse, on est enlevé du spécialisé. Je trouve que c’est dommage dans le sens ou certaines personnes sont plus à l’aise dans certains types d’enseignements spécialisés plutôt que d’en d’autres.

J’ai pu également constater grâce à ce témoignage, mais aussi grâce au cours de monsieur Docquiert que le type 5 et l’enseignement ordinaire sont assez différents sur le plan affectif. En effet, dans l’enseignement ordinaire, les enseignants prennent beaucoup de distance avec les élèves, tandis que dans l’enseignement de type 5 c’est quasiment impossible. Les cours se font très souvent de manière individualisée et ces enfants ont besoin de parler, de se confier et d’être écoutés.

Comme je pouvais m’en douter, le rôle du parent dans la scolarité à l’hôpital de l’enfant est minime. Effectivement, lorsqu’un parent voit son enfant souffrant, l’école lui importe peu.

Intervention d'un enseignant avec un élève-patient :

Concernant l’intervention d’un enseignant à l’action avec un élève-patient, je souhaite revenir sur la vignette du Roseau concernant Ab.

Lors de nos rendez-vous avec les différents intervenants, nous avons eu l’occasion de parler du Roseau, situé pas loin de l’hôpital Saint-Luc, avec Alexia, enseignante à l’école Escale. Pour cette réunion meet, nous avons analysé une vignette concernant un petit garçon appelé Ab. Cette vignette nous permet un peu plus de comprendre comment se passe une intervention entre l’enseignant et l’élève-patient. Avant d’en parler, il est important de préciser que le Roseau est une maison d’accueil et d’hébergement pour les familles d’un patient hospitalisé à l’hôpital Saint-Luc. Avec le temps, cette maison d’accueil a été amenée à accueillir des familles venant de l’étranger et plus particulièrement d’Algérie pour soigner les enfants à l’hôpital Saint-Luc suite à un partenariat avec leur pays d’origine. Cette maison d’accueil permet aux enfants, tout comme l’hôpital Saint-Luc, de poursuivre leur scolarité et de se rendre dans la classe du bâtiment entre les différentes périodes d’hospitalisation.

Au travers de cette vignette, on peut comprendre le travail de l’enseignant avec l’enfant-patient, évidemment la manière de faire varie d’un établissement à un autre, d’un enseignant à un autre, d’un enfant-patient à un autre.

Lors des premiers contacts, Ab, un garçon de 11 ans se déplaçant en poussette, n’était pas intéressé par la classe. Les enseignants ont alors été vers lui en se présentant, en parlant de l’école et en expliquant qu’il pouvait se joindre à eux. Malgré leurs efforts, Ab restait à l’écart et ne manifestait aucun intérêt pour l’école. Sa mère n’insistait pas non plus.

Après quelques jours, la maman le dépose rapidement en classe et contre la volonté de son enfant en expliquant qu’elle a besoin de temps pour elle. Cependant, les enseignants parviennent à motiver Ab. en le valorisant et en lui disant qu’il est le plus grand de la classe. Suite à cela, Ab continue à venir de temps en temps en classe. Parfois, il ne vient pas, car il est souffrant, parce qu’il a des rendez-vous médicaux ou parce qu’il n’a pas envie tout simplement.

Les enseignantes ne l’obligent pas à venir, car en dehors de leurs soins, médicaments et autres actes médicaux, c’est la seule chose qu’ils peuvent refuser. Par contre, elles essayent de le motiver en rendant l’école attrayante.

Les enfants sont tous différents et ont de personnalités différentes. Ab. lui, il est plutôt fermé et prostré. Les enseignantes essayent de l’apprivoiser en allant vers lui, en essayant de le faire participer aux activités. Grâce aux petites activités proposées et à leur patience, les enseignantes ont réussi à créer un lien de confiance avec Ab. Ce lien de confiance a permis à Ab. de rejoindre la classe de manière plus régulière et de participer aux activités. Après cette façon ludique d’aborder l’école, les enseignants ont décidé de proposer du matériel scolaire tels qu’un plumier, un cahier, des feuilles d’exercices, etc. Ab avait complètement changé, il était très content et travaillait de manière consciencieuse. Il était tellement fier de lui qu’il a voulu montrer son travail à sa maman, malheureusement celle-ci n’a pas tenu compte des émotions de son enfant et a préféré demander aux enseignants de noter le travail effectué et de donner des devoirs. Le lien de confiance, l’apprivoisement et la complicité sont brisés. Il faut tout recommencer.

Après plusieurs semaines passées, et grâce à la volonté des enseignants, Ab a accepté de sortir en récréation, de sortir de sa poussette et de faire quelques pas.

À travers cette vignette, les enseignants expliquent également que lorsqu’ils s’adressent à Ab. de manière trop frontale ou avec des attentes trop importantes, celui-ci se braque et se referme sur lui-même. Il est donc important de trouver la manière la plus judicieuse pour s’adresser à l’enfant.

Après le visionnage du film reprenant les différentes activités vécues durant le trimestre avec la famille, les enseignants se questionnent sur la relation mère-enfant. Ils décident alors d’en parler à l’équipe médicale et proposent la mise en place d’un suivi psychologique pour les Ab et sa maman.

Après un changement de classe en hôpital de jour sur demande de la maman, Ab ne se présente jamais en classe, il décide alors de revenir au Roseau. Les enseignants sont là pour l’accueillir et lui proposer des activités. Ab prend du plaisir dans les activités ludiques, mais lorsqu’un adulte lui fait une demande, il se renferme sur lui-même.

Suite à une sortie scolaire, Ab se sent gêné face aux autres enfants de son âge, il aimerait lui aussi s’asseoir sur les sièges du métro et se débarrasser de sa poussette. Les enseignants essayent alors de le rassurer face à cela. On peut donc voir qu’il est important pour l’enfant de se sentir rassuré et soutenu par ses enseignants. La maman d’Ab. quant à elle pensait que les enseignants ne croyaient pas en la maladie de son enfant, elle est alors révoltée et la confiance est à nouveau brisée. Afin de remédier à cela, les enseignants proposent à la maman une réunion des parents et ils proposent également d’entrer en contact avec l’école d’origine en Algérie.

Ab. continue a venir de temps en temps en classe, mais cela se déroule toujours de la même manière, lorsqu’un enseignant lui demande quelque chose, celui-ci se ferme et ne parle plus. Lorsqu’il revient en classe, les enseignants essayent toujours de souligner son retour de manière positive.

Suite à une greffe, celui-ci est dans l’incapacité de se rendre à l’école, un professeur particulier lui est alors accordé. Après plusieurs mois, il est autorisé à y retourner, les enseignants l’accueillent avec enthousiasme même s’ils savent que son attitude face aux apprentissages n’a pas changé.

Après avoir vu ce cas, je me rends compte que le travail de l’enseignant est fortement basé sur la confiance. En effet, il est important que l’enfant se sente à l’aise et entretienne une relation de confiance avec son ou ses enseignants, sans cela, un travail scolaire ne peut être réalisé. Il est également très important d’instaurer un climat de confiance avec les parents, sans cela l’enfant ressentira le malaise et le travail scolaire ne pourra également pas être réalisé. Il est également primordial que l’enseignant soit positif, enthousiaste et surtout motivé. Il est vrai que les enfants sont parfois compliqués ou fermés à toutes demandes venant d’un adulte, mais il ne faut surtout pas baisser les bras ou lui en vouloir, au contraire il faut persévérer et petit à petit créer des liens avec lui.

De manière générale, j’ai beaucoup aimé écouter les témoignages des différents intervenants. Je trouve que cela a donné un petit plus au cours et de manière plus concrète. En effet, même si le cours de monsieur Docquiert était très intéressant, il est toujours plus captivant d’apprendre des personnes se trouvant sur le terrain.

Leurs témoignages m’ont permis de comprendre que j’aimais réellement ce métier et que c’est dans ce milieu que je voudrais travailler.

 

Sources :

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